Article JURISVIN

Cession de parts de sociétés agricoles et SAFER : quelles obligations ?

Source : JURISVIN
Diffusion : MON VITI
Date de parution : Mai 2022

Cession de parts de sociétés agricoles et SAFER : quelles obligations ?


En cas de cession de biens à usage ou à vocation agricole, les Sociétés d’Aménagement Foncier et d’Etablissement Rural (SAFER) disposent en principe d’un droit de préemption. Il s’agit du droit de se porter acquéreur au lieu et place de l’acheteur choisi par le propriétaire. Ce droit peut, par exception être ramené à un simple droit d’information. Longtemps cantonnées aux biens immobiliers, ces
prérogatives ont été étendues en 2014 aux parts de société pour tenir compte de l’évolution du
phénomène sociétaire en agriculture.


Toutefois et à la différence des mutations de biens immobiliers, le simple droit d’information est la
règle en cas de cession de parts sociales, le droit de préemption étant l’exception.


Tout cédant de parts sociales doit en conséquence se poser deux questions :
- Ma société est-elle concernée ?
- Si oui, l’opération que j’envisage entre-t-elle dans le cadre du droit d’information ou du droit
de préemption ?


Ma société est-elle concernée ?
Le code rural prévoit que seules les sociétés ayant pour objet principal l’exploitation ou la propriété
agricole sont concernées par cette obligation. Une question demeure ouverte sur ce point : s’agit-il de
se référer à l’objet social de votre société tel qu’écrit dans les statuts (critère objectif) ou faut-il tenir
compte de son activité effective (critère subjectif). La première solution vous permettrait de disposer
d’un critère de réponse fiable mais ouvrirait la porte à de nombreuses dérives. La prudence devrait
donc vous conduire à prendre en compte la réalité de l’activité de votre société. A cette heure, cette
question n’a toutefois pas de réponse tranchée.
 

L’opération que j’envisage entre-t-elle dans le cadre du droit d’information ou du droit de
préemption ?

La réponse à cette seconde question est heureusement plus simple à apporter : si la cession que vous
envisagez ne porte pas sur 100% des parts sociales de la société, votre opération ne donnera lieu qu’à
une information de la SAFER. Notez que si vous cédez 100% de vos parts mais que vous n’êtes pas le
seul associé de votre société, votre cession restera du ressort du droit d’information.
En revanche, si votre cession porte sur 100% des parts de la société, la SAFER disposera d’un droit de
préemption. Cette exception comporte elle-même (comme souvent en droit) ses propres exceptions.
Notamment, si vous cédez à un membre de votre famille (jusqu’au 4ème degré inclus), la SAFER verra
son droit de préemption se retransformer en droit d’information. Simple non ?
 

Il est difficile d’aborder le droit de préemption en cas de cession de parts de société sans aborder la
douloureuse question de la fraude. En effet, il est légitime, dans le cadre de l’installation progressive
de votre successeur de lui céder dans un premier temps 50% des parts de votre société et de lui vendre
les 50% restant quelques années plus tard. Il peut-être plus discutable de céder à un acquéreur 99%
des parts de la société et de lui en vendre le 1% restant un an plus tard... Ces deux opérations étant
soumises à l’obligation d’information, il reviendra à la SAFER, en cas de doute, de prouver la fraude
afin de rétablir son droit de préemption.


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MOTS CLES : transmission, SAFER, fiscalité
THEMES : Cession de parts de sociétés agricoles et SAFER : quelles obligations ?